Kétra Pelletier: Courier Ahuntsic – May 1, 2001
Ce que maintient l’agent sociocommunautaire Georges Manoli
Le constable Georges Manoli s’est toujours intéressé à la prévention des agressions. Il a mis sur pied un atelier avec simulations d’agression qui s’adressent aux femmes. Puis, on lui a demandé d’élaborer un atelier semblable touchant à la pédophilie. Après plusieurs recherches, M. Manoli présente au poste de quartier 27 cet atelier qui s’adressent aux parents.
À chaque année, 56 000 enfants sont rapportés disparus au Canada. On signale que seulement 1 % de ces enfants ont été kidnappés par un inconnu. Le kidnapping est un moyen pour le pédophile qui n’a pas les aptitudes sociales pour amadouer un enfant ou qui n’a pas accès auprès d’enfants.
Autrement, «le pédophile va chercher la confiance et l’approbation des M. Georges Manoli, agent sociocommunautaire au poste de quartier 27. Photo: Jacques Pharand parents. Il ne va pas uniquement s’en prendre à l’enfant. C’est un processus de séduction que le pédophile met en marche», indique M. Georges Manoli.
Les étapes de la séduction
Le pédophile choisit sa victime. L’enfant a souvent un manque, qu’il soit matériel ou affectif. L’agresseur deviendra ami avec le jeune. Il lui offrira des cadeaux, il lui prêtera oreille, il l’encouragera, il lui reconnaîtra des qualités. En somme, il lui accordera du temps et de l’importance. «Si l’enfant passe plus de temps avec un adulte qu’avec ses parents, il y a lieu de se poser des questions», souligne l’agent.
Ensuite, le pédophile multipliera les occasions où il mettra le jeune en confiance. Ille serra en premier lieu dans ses bras. Il développera de plus en plus une intimité avec l’enfant en l’invitant à jouer à cache-cache dans le noir et à prendre une douche. «La maison d’un pédophile est un véritable Disneyland où il y a jeux vidéo, Nintendo et Playstation», fait remarquer M. Manoli. Le pédophile laissera aussi traîner du matériel pornographique afin d’amener l’enfant à lui poser des questions sur la sexualité, à douter de sa morale et éventuellement à la déconstruire. «Le pédophile se présente comme une personne «cool» qui n’a pas peur des interdits, qui jouit d’une totale liberté. Or, l’enfant recherche la même chose … »
La troisième étape se poursuit avec des attouchements sexuels. S’il y a une résistance de la part de l’enfant, le pédophile l’intoxiquera pour pouvoir arriver à son but. Par la suite, c’est la dénonciation par un spécialiste de la santé. Il est rare que l’enfant dévoilera le secret étant donné qu’il ne veut pas rompre ce lien de confiance. Enfin, l’enfant devient dépressif, agressif, suicidaire.
L’arrestation
«Avant qu’un pédophile ne soit arrêté, il aura eu le temps d’approcher 30 à 50 enfants. La relation avec ceux-ci peut varier entre 6 mois et 7 ans. Dans 98% des cas, il s’agit d’un homme qui commet ces agressions, nous renseigne l’agent sociocommunautaire. Un pédophile restera toujours un pédophile, même la castration chimique ne peut régler le problème … pour la bonne raison que le problème ne se situe pas entre les deux jambes mais entre les deux oreilles», ajoute-t-il. En fait, aucune thérapie connue n’est jusqu’à maintenant efficace contre la récidive.
Comment reconnaître un prédateur sexuel?
Il existe deux types de pédophile: un profiteur de la situation et un profiteur de l’enfant. Le premier trouve l’excitation dans sa position d’autorité vis-à-vis un enfant vulnérable tandis que le second la trouve dans l’accomplissement de fantasmes sexuels impliquant des enfants. Un pédophile tue rarement l’enfant qu’il agresse.
Un pédophile a déjà été abusé sexuellement durant son enfance. Il a une vie sociale limitée. Il est généralement célibataire. Il déménage régulièrement. Il évite de parler de son passé. Il est doué pour la manipulation.
La prévention
«La prévention de la pédophilie passe par l’éducation», maintient M. Manoli qui est aussi père de trois garçons. Les parents doivent parler de sexualité et distinguer les bons attouchements (serrer la main) des mauvais (main sur la cuisse). Ils doivent prendre le temps d’expliquervers quels étrangers l’enfant peut se tourner s’il a besoin d’aide, de lui montrer les différentes façons de dire «non», de développer chez l’enfant son intuition, de lui dire qu’il n’est pas normal qu’un adulte inconnu démarre une conversation, de lui dire qu’il ne faut pas obéir aveuglément à un étranger.
À partir de l’histoire du petit Georges, l’agent Manoli crée une mise en situation où les parents sont appelés à prendre la place de l’enfant et de réagir en cas de kidnapping. L’atelier sur les prédateurs sexuels est présenté deux fois par année au poste de quartier 27. Les parents ahuntsicois qui désirent des renseignements sur la pédophilie peuvent communiquer avec l’agent socioccomunautaire Georges Manoli au 280-0427.