Les ateliers d’autodéfense-défense pour femmes gagnent du terrain. Avec Anais Guertin-Lacroix
Alors que les préoccupations liées à la sécurité personnelle grandissent, de plus en plus de femmes se tournent vers les ateliers d’auto-défense pour reprendre du pouvoir sur leur corps et leurs réactions face au danger.
Anaïs Guertin-Lacroix a récemment participé à l’un de ces ateliers, encadré par George Manoli, expert en arts martiaux depuis plus de 35 ans et formateur en protection personnelle.
Pourquoi des ateliers spécifiquement pour les femmes ?
Certaines écoles secondaires vont jusqu’à rendre les cours d’auto-défense obligatoires pour leurs élèves. Et ce n’est pas sans raison : 80 % des agressions commises envers les femmes se terminent au sol. L’objectif de ces formations est d’éviter que cette situation se produise grâce à des techniques simples, instinctives et accessibles.
L’auto-défense « pratique » : du concret, pas de chorégraphie
Contrairement à un art martial traditionnel, l’auto-défense dite « pratique » n’exige pas de mouvements parfaits ni de chorégraphie fluide. Ce qui compte, c’est l’efficacité. On apprend à réagir rapidement, à se faire entendre, et à déstabiliser l’agresseur.
Voici les étapes de base de la méthode « SU VIZ DE COMBAT », apprise durant l’atelier :
1. Dire NON, fort et clair
Poser ses limites immédiatement. Une voix forte peut suffire à décourager certains agresseurs.
2. Viser le visage et le bas du corps
Frapper le nez avec la paume, ou utiliser un « pic à glace » (coup sec du poing) au visage. Ensuite, frapper le bas de la ceinture avec le genou. Alterner les zones visées déstabilise l’agresseur.
3. Pousser et crier
Tout en frappant, pousser l’agresseur et continuer à crier. Le but : le faire reculer.
4. Fuir
Protéger son visage, balayer les environs du regard et partir en courant.
Et si l’agression se passe contre un mur ?
Dans cette situation, les principes de base restent valables : frapper visage et bas du corps. Mais une tactique spécifique est enseignée : coller l’agresseur, comme pour l’enlacer, ce qui limite ses mouvements. Il est même suggéré de le mordre au cou avant de se libérer et frapper à nouveau pour prendre la fuite.
Apprendre à poser ses limites avant même qu’il y ait contact
L’atelier va plus loin que la simple technique physique : il enseigne aussi comment identifier une situation dangereuse. L’attitude est primordiale : se tenir droit, dire « NON » d’une voix ferme, faire des gestes clairs (comme tendre les bras pour créer une barrière visuelle), tout cela peut suffire à éloigner un agresseur potentiel. Le mot d’ordre : ne pas chercher à être polie, mais à être claire et ferme.
Un espace d’apprentissage et parfois de libération émotionnelle
Chaque atelier comprend jusqu’à 20 simulations, dans le but de rendre les gestes automatiques. Mais au-delà de l’aspect physique, ces cours sont pour plusieurs femmes une véritable thérapie. Il n’est pas rare d’y aller accompagnée d’une amie, car certaines émotions ou souvenirs peuvent remonter. Mais dans tous les cas, on en sort plus forte, plus confiante et mieux préparée.